14

 

Tu la trouves

Tellement distinguée

Moi je la trouve

Archinévrosée !

Pourquoi l’avoir choisie ?

Pourquoi elle et pas moi ?

Elle n’a pas besoin de toi

Elle a besoin d’un psy !

Qu’est-ce qu’elle a de plus que moi ?

Moi, je t’aurais tout donné

Alors pourquoi l’aimer ?

Pourquoi elle et pas moi ?

 

« Qu’est-ce qu’elle a de plus que moi ? »

Interprété par Heather Wells

Paroles et musique : O’Brien/Henke

Extrait de l’album Espionne de ton cœur

Disques Cartwright

 

 

L’association des étudiants a été bien inspirée en organisant à Fischer Hall un concours de play-back. Car, disons-le franchement, l’université de New York est essentiellement fréquentée par des gosses qui, tout comme moi, adorent se produire en public.

Ce qui explique sans doute pourquoi on m’a demandé de faire partie du jury, honneur que je me suis empressée d’accepter. Non parce que je meurs d’envie de remonter sur scène, comme l’a suggéré Cooper, mais parce que si je veux pouvoir mettre un jour la main sur le mystérieux Mark/Todd (à supposer qu’il existe), c’est dans ce genre de manifestation interne qu’il faut que je le cherche, vu que le type réside très certainement à Fischer Hall.

Et qu’il est fort possible qu’il y travaille aussi, comme me l’avait suggéré – en me taquinant, je le sais – l’inspecteur Canavan.

Il m’est quasiment impossible d’imaginer que l’assassin puisse être l’un de mes collègues. Or, comment expliquer autrement qu’il ait eu accès à l’armoire à clés ? Sans parler du fait que les dossiers des deux filles se trouvaient dans le bureau de la directrice. Non que ce soit forcément en rapport avec leur mort, mais comme Sarah ne manquerait sans doute pas de le formuler, toutes deux avaient un passif…

Un passif qui était mentionné dans leur dossier.

Le problème, c’est que les quinze RE, ainsi que la totalité de l’équipe de maintenance, possèdent les clés du bureau que nous partageons, Rachel et moi. Par conséquent, si un gars écume les dossiers pour repérer des filles inexpérimentées et potentiellement fragiles qu’il puisse facilement séduire, je dois le connaître.

Mais qui cela peut-il bien être ? Qui, parmi les gens que je connais, serait capable de commettre un acte aussi affreux ? L’un des RE ? Parmi les quinze, sept sont des garçons – et aucun ne me donne l’impression d’être un tombeur, et encore moins un tueur psychopathe. À vrai dire, collant à l’image traditionnelle des RE, ils sont tous plutôt nunuches – le genre qui croit les résidents quand ceux-ci leur racontent qu’ils fumaient des cigarettes au clou de girofle et non des pétards. Sincèrement, ils ne voient pas la différence !

Par ailleurs, tout le monde les connaît dans le bâtiment : leur groupe se livre, à l’heure du dîner, à des interventions – sous forme de sketches ou autres – destinées à sensibiliser les étudiants à l’usage du préservatif. Si Mark/Todd avait été RE, Lakeisha l’aurait forcément déjà vu.

Pour ce qui est des employés de l’équipe de maintenance, ils sont tous d’origine hispanique et âgés de plus de cinquante ans. Seul Julio parle assez bien anglais pour être compris par les non-bilingues.

Par ailleurs, tous travaillent à Fischer Hall depuis des années. Pourquoi se mettraient-ils tout à coup à assassiner des gens ?

Ne restent donc que les femmes du personnel. Je devrais, dans un souci de parité, les inclure dans ma liste de suspects…

Sauf qu’aucune d’entre elles n’a pu laisser le préservatif dans la chambre de Roberta.

Mais j’imagine que je suis la seule à trouver bizarre que deux filles – qui avaient toutes deux un dossier dans mon bureau, et qui ont toutes deux déniché un petit ami à une semaine d’intervalle – aient soudain décidé d’aller surfer dans la cage d’ascenseur et fait une chute mortelle, au moment précis où la clé des portes palières s’était volatilisée. Pour réapparaître aussitôt après la découverte d’au moins l’un des deux corps.

C’est pourquoi, à sept heures ce soir-là, je sors discrètement de la maison – je n’ai pas échangé trois mots avec Cooper depuis l’incident de ce matin dans l’ascenseur, et ça me va très bien, étant donné que je ne vois vraiment pas ce que je pourrai lui dire la prochaine fois qu’on se croisera.

Or, sur qui je tombe ? Sur Jordan, qui gravit au même moment les marches du perron.

— Heather ! s’écrie-t-il.

Il porte une de ses chemises bouffantes archi-ringardes, et un pantalon en cuir.

Eh oui, je suis désolée de devoir le constater. Un pantalon en cuir.

Le pire, c’est que ça lui va pas mal du tout.

— Je suis venu voir comment tu allais, fait-il d’une voix dégoulinante de sollicitude pour ma santé mentale.

— Je vais très bien ! dis-je en claquant la porte, avant de m’attaquer aux serrures.

Ne me demandez pas pourquoi nous en avons autant quand la maison est équipée d’une alarme antivol et défendue par un chien, sans parler de la protection dont nous bénéficions de la part des rastas du coin. Toujours est-il que…

— Passez une bonne soirée ! nous lance l’un des dealers.

— Merci, je lui réponds avant de m’adresser à Jordan : Je suis désolée. Je n’ai pas le temps de discuter. On m’attend ailleurs.

Jordan me suit en bas des marches.

— C’est juste que… je ne sais pas si tu es au courant… pour Tania et moi. Je voulais t’en parler l’autre jour, mais tu t’es montrée tellement agressive… Je ne voulais pas que tu l’apprennes comme ça, Heather, dit-il sans me lâcher d’une semelle tandis que je longe le trottoir d’un pas rapide. Je te jure, je voulais être le premier à te le dire.

— Ne te fais pas de souci pour ça, Jordan. Vraiment.

Mais pourquoi ne veut-il pas s’en aller ?

— Hé ! interpelle l’un des dealers, en nous barrant la route. Tu serais pas ce gars…

— Non ! rétorque Jordan avant d’ajouter à mon intention : Heather ! Tu veux pas ralentir un peu ? Il faut qu’on parle.

— Ce n’est vraiment pas nécessaire, je lui assure d’une voix aussi gaie que possible. Je vais bien. Tout baigne.

— Tout ne baigne pas ! proteste Jordan. Je ne supporte pas de te voir souffrir comme ça ! Ça me déchire le…

— Ohé, dis-je au dealer qui ne veut pas nous lâcher. C’est Jordan Cartwright. Tu sais, le chanteur d’Easy Street.

— Le mec d’Easy Street ! s’exclame-t-il en montrant Jordan du doigt. Je savais bien ! Hé, les gars, visez un peu ! crie-t-il à ses copains. C’est le mec d’Easy Street !

— Heather !

Jordan est assailli par une meute de chasseurs d’autographes.

Je poursuis mon chemin.

Et qu’auriez-vous fait à ma place ? Il est fiancé, après tout. FIANCÉ ! Et pas avec moi.

Il n’y a rien à ajouter. Et puis j’ai des affaires plus pressantes.

Rachel paraît un peu surprise de me voir franchir le seuil de Fischer Hall à la nuit tombée. En me voyant entrer dans le hall, elle écarquille les yeux.

— Heather ! Qu’est-ce que tu fais là ?

— On m’a demandé d’être juré.

Dieu sait pourquoi, elle semble soulagée. Je comprends une seconde plus tard.

— Oh tant mieux ! Un autre juré pour le concours de play-back. C’est formidable. J’espérais que Sarah et moi ne serions pas les seules à juger. Comment aurions-nous départagé les candidats ?

— Heather !

Jordan vient de débouler dans le hall.

Autour de nous, tous – l’ayant aussitôt identifié – retiennent leur souffle. Puis se mettent à chuchoter : « Ce serait pas… », « Non, pas possible ! », « Si, c’est lui ! », « Regarde-le ! »

— Heather ! dit Jordan, s’avançant à grands pas vers Rachel et moi.

Sous la chemise bouffante, ses grosses chaînes en or frémissent sur sa poitrine haletante.

— Je t’en prie, il faut qu’on parle.

Je me tourne vers Rachel qui fixe Jordan, les yeux ronds comme des soucoupes.

— Voici un juré de plus pour toi, lui dis-je.

C’est ainsi que nous nous retrouvons, Jordan et moi, une écritoire à pince sur les genoux, au premier rang d’une assemblée de près de quatre cents personnes assises sur des chaises, en face du gril et du bar à salades, fermés pour l’occasion. Vous imaginez combien il est difficile, pour Jordan, de me parler de notre relation, quand bien même il en meurt d’envie.

Ça me va très bien – même si ma seule raison d’être ici, c’est de traquer le mystérieux Mark/Todd, et qu’en cela ça ne va guère m’aider d’être juré.

Mais tant mieux si ça peut me permettre de ne pas avoir à écouter les excuses de Jordan quant à son comportement. D’ailleurs, je ne vois pas pourquoi il se soucie tant de ce que je pense de lui, alors qu’il m’a si clairement fait comprendre qu’il ne voulait plus de moi… Sarah aurait peut-être une explication ?

La présence de Jordan met les gamins dans tous leurs états. Ils ignoraient que le jury compterait une célébrité. (Moi, je ne compte pas. Les quelques ados qui m’ont reconnue à l’entrée ne m’accordent pas la moindre attention. Ce soir, il n’y en a que pour Jordan… même si je crains que certains ne se moquent de lui à cause de la chemise bouffante, d’Easy Street et tout le tralala.) Le fait que Jordan soit là donne au concours une crédibilité qui lui avait jusque-là fait défaut.

Et rend visiblement les candidats encore plus nerveux.

Le bar à salades abrite une complexe installation son et lumière, et les étudiants tournent autour, discutant et se gavant de chips et de sodas gratuits. Je cherche à repérer les couples, ou les duos, garçon et fille, qui se sont isolés pour discuter. Car si Todd/Mark a l’intention de frapper à nouveau, il a ici l’embarras du choix, parmi les étudiantes de première année.

Mais je ne vois que des groupes de gosses : des garçons, des filles, des Blancs, des Noirs, des Asiatiques et tout ce que vous voulez, en jean et en tee-shirt, qui s’interpellent joyeusement en engouffrant des chips mexicaines.

Miam… des chips mexicaines !

Sarah, assise à côté de Jordan, ne le quitte pas des yeux. Elle l’assaille de questions sur l’industrie du disque, les mêmes qu’elle m’a posées quand nous nous sommes rencontrées. Du type : N’avait-il pas eu le sentiment de vendre son âme, en jouant dans cette pub Pepsi, ou en participant au concert de mi-temps du Superbowl ? Comment vivait-il sa vocation ? Est-ce que ça le dérangeait, de maîtriser le chant, mais de ne pas savoir jouer d’un instrument ? Cela ne signifiait-il pas, dans un sens, qu’il n’était pas un véritable musicien, mais un simple porte-parole – grâce auquel les disques Cartwright pouvaient assouvir leur désir d’expansion et de domination ?

Lorsque les lumières s’éteignent enfin, et que le président de la résidence, Greg, se lève pour saluer tout le monde, j’ai sérieusement pitié de lui.

Enfin arrive le premier numéro. Un trio de filles interprète en play-back la nouvelle chanson de Christina Aguilera, chorégraphie incluse. Dans la pénombre, je peux passer en revue l’assistance sans trop me faire remarquer.

Les étudiants sont venus en nombre. Les sièges sont presque tous occupés, et la cafétéria en contient quatre cents. Sans compter les gamins adossés au mur, au fond de la salle, qui huent, applaudissent et, en règle générale, se comportent comme des ados de dix-huit ans vivant pour la première fois loin de chez papa-maman.

À côté de moi, Jordan fixe les pseudo-Christina en tenant fermement son écritoire à pince. Pour un juré enrôlé de force, il paraît prendre son rôle très au sérieux.

Ou peut-être ne fait-il mine d’être intéressé que pour dissuader Sarah de lui poser davantage de questions ?

Le trio finit par cesser de remuer des hanches, et quatre garçons lui succèdent sous le feu des projecteurs. Les murs de la cafétéria vibrent au son des basses – ils interprètent le tube de *NSync « Bye Bye Bye », et je plains le voisinage, qui comprend, entre autres, une église épiscopalienne.

Les gars y vont à fond. Ils connaissent la chorégraphie sur le bout des doigts – je ris tellement que je manque de faire pipi dans ma culotte.

Or, je constate que Jordan ne rit pas du tout. Il n’a pas l’air de réaliser qu’il s’agit d’une parodie des boys band. Il s’applique à les noter, pour l’originalité, et pour la maîtrise des paroles.

Le plus sérieusement du monde.

Jetant un coup d’œil par-dessus l’écritoire à pince – je leur donne une majorité de cinq sur dix, vu qu’ils ne sont pas costumés –, je remarque un homme de grande taille errant dans la salle à manger, les mains enfoncées dans les poches de son treillis.

Au début, je crois reconnaître le président Allington. Mais le président ne porte jamais de treillis, il leur préfère – comme je pense l’avoir mentionné plus tôt – les pantalons à pinces blanc cassé. Le nouveau venu ne pourrait pas être le président de la fac, il est beaucoup trop bien habillé.

Lorsqu’il s’avance dans un rai de lumière provenant du distributeur de sodas, je réalise qu’il s’agit de Christopher Allington, le fils du président. Ce qui explique la confusion.

Il arrive à Christopher de se montrer. Après tout, ses parents habitent juste au-dessus. Sans doute est-il descendu pour savoir le pourquoi de tout ce raffut.

Or, lorsqu’il se dirige vers un groupe d’étudiants adossés à un mur, tout au fond de la salle, je commence à me poser des questions. Que fait-il ici, au juste ? Ce n’est plus un étudiant de première année, il prépare son diplôme de droit.

Pete m’a raconté que, lorsque les Allington ont débarqué après avoir quitté la fac d’Indiana où le directeur occupait son poste précédent, ils ont tout fait pour cacher que Christopher avait raté son examen d’entrée à l’université de New York. Visiblement, son père a fait appel à ses relations de manière à ce qu’il y entre tout de même.

Certes, avec une mère alcoolique et un père qui se balade devant tout le monde en débardeur, le pauvre gosse n’a pas été gâté côté gènes, et méritait un petit coup de pouce.

*NSync achève bruyamment son morceau, et un pseudo-Elvis tente sa chance. Durant son interprétation de « Viva Las Vegas », et vu qu’il n’y a pas grand-chose à voir, je regarde Christopher Allington se fondre dans l’assistance. Il se fraye un chemin dans la foule, avant de s’installer sur une chaise, derrière un rang uniquement composé de filles. Toutes sont étudiantes de première année – on le devine à leurs gloussements embarrassés. Elles n’ont pas encore pris le pli, comme le prouvent leurs visages dépourvus de piercings, leurs cheveux non décolorés et leurs vêtements Gap. L’une d’entre elles, un peu plus raffinée que les autres, se retourne sur sa chaise et se met à discuter avec Christopher, qui se penche en avant pour mieux l’entendre. La voisine de la fille refuse délibérément de se joindre à la conversation, regardant droit devant elle.

Mais il est clair qu’elle n’en loupe pas une miette.

Elvis achève sa prestation sous d’honorables applaudissements, puis Marnie Villa Delgado – oui, la camarade de chambre d’Elizabeth Kellogg – monte sur scène. Elle est littéralement ovationnée. Je m’efforce de ne pas penser que, si on l’applaudit ainsi, c’est parce qu’elle a gagné une chambre individuelle jusqu’à la fin du semestre…

Marnie, coiffée d’une longue perruque blonde et vêtue d’un jean taille basse, salue poliment. Et voilà qu’elle se lance dans une chanson qui me dit vaguement quelque chose. Au début, impossible de la reconnaître. Tout ce que je sais, c’est que je ne l’aime pas beaucoup…

Et soudain, ça y est ! C’est « Une envie de sucré ». Marnie se donne à fond dans l’interprétation de la chanson qui, dix ans plus tôt, m’a fait entrer dans tous les foyers du pays – ou, du moins, dans ceux qui comptaient une fille préadolescente parmi leurs membres.

À côté de moi, Jordan s’esclaffe. Certains des étudiants qui sont au courant de mon passé rient avec lui. Marnie elle-même m’adresse un regard sournois en mimant les paroles : « J’oublie les calories/Pas moyen de résister. »

Je souris en m’efforçant de ne pas laisser voir mon malaise. Me concentrer à nouveau sur Christopher m’y aide. Il est toujours en train de baratiner la rangée de devant. Il est enfin parvenu à attirer l’attention de la fille timide. Sans être jolie, elle a un visage plus intéressant que sa camarade plus vive. Elle s’est retournée sur son siège et, les genoux remontés sur la poitrine, sourit timidement à Christopher en repoussant derrière ses oreilles des mèches rebelles de cheveux roux.

Sur la scène, la façon qu’a Marnie d’agiter sa perruque blonde – et ses hanches – suscite l’hilarité du public. J’espère de tout cœur que cela ne se veut pas une imitation fidèle.

Et alors, comme ça, tout d’un coup, je réalise que Christopher Allington pourrait être Mark.

Ou Todd.

Une envie de sucré
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